« La musique au piano, histoires d’écoutes et de touchers » 2/3

« La musique au piano, histoires d’écoutes et de touchers » 2/3

« La musique au piano » de Cécile Müller 

 

La musique au piano de Cécile Müller Editions Fuzeau

C’est un livre fort intéressant, écrit par Cécile Müller,  que je souhaite vous résumer ici. Cet ouvrage couvre très  largement le domaine du piano, de son enseignement et de son apprentissage.

 

Très complet, il pourra vous être très utile si vous souhaitez donner des cours de piano.  Et si vous n’avez pas d’expérience dans l’enseignement, vous y apprendrez beaucoup.

 

Mais il est destiné aussi à tous ceux qui s’intéressent à ce bel  instrument de musique : mélomanes, amateurs, parents. J’ai tellement adhéré au propos que je me suis dit que son résumé (sous forme de trois articles) pourrait bien avoir sa place dans ce blog.

 

 

 

Au fil de ces articles, je me suis permise de rajouter mon petit grain de sel (écrit en italique) et des photos le plus souvent personnelles.

Je propose le résumé de ce livre en trois volets. En voici le deuxième.

 

 

 

L’auteure, Cécile Müller, est pianiste et enseigne le piano au Conservatoire à Rayonnement Régional de Limoges.

 

Dans cet article, je résume les chapitres III et IV

  • La partition
  • La posture au clavier

La partie historique de ce livre est suivie de chapitres qui traitent de sujets très variés tels que :

  • La partition
  • La posture au piano
  • les mouvements pianistiques
  • l’interprétation
  • Les mémoires du musicien
  • le professeur de piano et son métier

 

II. La partition, support et mémoire de la musique occidentale

A. Le déchiffrage

Le déchiffrage, premier jet, premier aperçu général de la pièce avant un travail plus approfondi est à faire toujours mains ensemble pour développer la vision globale sur la « portée-piano », c’est-à-dire les deux portées [clé de Sol-clé de Fa]. L’auteure note que nous pouvons trouver 3 portées sur les partitions. Ceci, effectivement n’est pas si rare !

En cherchant, dans ma « partothèque », des portées à trois lignes, j’ai réalisé que dans le deuxième volume de ses Préludes, Debussy avait écrit presque systématiquement sur trois portées. Liszt le fait aussi. D’ailleurs je fais partie de ceux qui trouvent des similitudes d’écriture entre ces deux compositeurs. 

 

piano partition trois lignes
Trois portées pour deux mains !

Bien déchiffrer s’apprend dès le plus jeune âge. Cela fait gagner un » temps précieux » pour le professionnel. C’est aussi une compétence essentielle pour le futur amateur : il pourra jouer davantage d’œuvres et découvrir plus de répertoire. Un plaisir décuplé !

Mon avis :

Ouvrir une partition et la jouer sans même l’avoir jamais vue, comme on lit un roman ! Magique me direz-vous ? Non ! Un entraînement très régulier sur des partitions extrêmement simples et dès le plus jeune âge, on ne le répétera jamais assez. Parallèlement à cette initiation à la lecture à vue (autre nom pour désigner le déchiffrage), l’enfant peut très bien jouer des morceaux par imitation, improviser, transposer…un moyen de jouer AVEC le piano sans rester le nez collé à une partition trop difficile !

 

Après l’étape du déchiffrage, le travail mains séparées est nécessaire pour mettre au point le rythme, bien ressentir l’action de chaque main.

 

B. Le décryptage

C’est l’étape d’identification de tout ce qui compose la pièce. La lecture attentive et sans instrument permet déjà de cerner l’essentiel et de trouver du sens au texte musical.

C. Les indices de la partition

La mesure, le rythme, le phrasé, les tonalités, les couleurs, les harmonies, la pédale, les nuances, les doigtés, le tempo…autant d’indices à décrypter pour mener à bien l’étude d’un morceau. Tout un programme judicieusement détaillé par l’auteure. Chaque item pourrait faire l’objet d’un article !

 

L’élève, très tôt, devra d’abord apprendre à respecter le texte à la lettre. Ceci est loin d’être sclérosant, asséchant contrairement à ce qu’on pourrait penser. Il saura très bien trouver la liberté de jouer comme il le sent avec toute sa personnalité, trouver son identité sonore. Ceci ne l’empêche pas, parallèlement de s’amuser à improviser, de varier d’autres pièces ou des thèmes !

 

D. La notation contemporaine

la musique contemporaine au piano
Chaque compositeur peut avoir son « langage »

 

La notation contemporaine emploie des signes spécifiques et chaque compositeur a son « langage personnel ». Les partitions sont donc accompagnées d’une sorte de glossaire, de légende pour donner la signification de chaque signe. Nous y trouvons les clusters, groupes de notes à jouer avec la paume, les  avant-bras, les poings, la tranche de la main…Aussi des notes qui résonnent, des harmoniques sous formes de losanges…Toutes sortes de notations encore très peu connues.

 

partition contemporaine, apprendre à les déchiffrer
Exercices de déchiffrage de O. Gartenlaub, apprendre un nouveau solfège !

 

III. La posture au clavier

A.  Les axes principaux

 Axe vertical, axe de l’équilibre , du centrage, du contrôle…et axe horizontal, celui du mouvement, de l’occupation de l’espace…la-posture-au-piano

Le corps est le premier instrument du pianiste. Les positions bien comprises permettent de jouer avec son plein potentiel. Maintien du dos, les pieds au sol, respiration calme et profonde. Il s’agit pour le pianiste d’être dans une position confortable et équilibrée.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Les Méthodes de Piano pour Adultes : Adaptées ?

A ce sujet, j’ajoute qu’il est important que les plus jeunes enfants aient un petit tabouret sous les pieds pour un appui stable du corps. 

Tonicité musculaire et souplesse des articulations permettent « des mouvements aisés qui amèneront sans cesse le centre de gravité là où il faut sans crispation ni perte d’énergie ».

Apprendre à régler chaque mouvement dans la lenteur et en souplesse assure une réalisation moins aléatoire. Cela permet un apprentissage plus rapide et plus autonome.

Optimisation des gestes et économie d’efforts.

Se mouvoir en connaissance de cause évitera, en plus, de développer des pathologies dues à de mauvais maintiens et celles-ci sont nombreuses et parfois très graves.

 

La main, organe de la préhension et de la sensibilité

Les possibilités fonctionnelles et musculaires des mains se développent tout au long de l’apprentissage instrumental. Leurs sensations s’affinent de jour en jour et l’expression musicale devient plus précise au cours de leur pratique.

B. Les points forts de la posture de la main au piano

  • La main du musicien

L’auteure, Cécile Müller, insiste bien sur le fait de bien comprendre le rôle de la main : « La force de la main se trouve en son centre » avec une arche bien formée. Sans cette arche, c’est le poignet qui sera obligé de forcer.

La main se façonne au fil de l’apprentissage. Si on n’est pas attentif à certains paramètres, elle peut  mal se façonner, de façon disharmonieuse. 

Personnellement, je résume : la main devient alors un outil peu efficace et fragile.

Le moule de la main dépend du soutien de deux muscles : le premier qui gère le pouce et le deuxième qui prolonge l’auriculaire. Le pouce et le 5ème, l’auriculaire tiennent le rôle de piliers.

 

main bien placée au piano

 

 

  • Les doigts

Ils sont utilisés dans leur totalité, depuis leur « racine », les têtes des métacarpiens. On ne peut pas jouer correctement du piano si le maintien de la main est rompu. De plus, le son ne sera pas aussi riche et rond.

Un bon maintien de la main permet de produire un son plein, « un maximum des harmoniques se libèrent formant de magnifiques « auras » sonores« .

Personnellement, je trouve cette image très efficace pour décrire un son plein et rond.

L’auteure évoque la différenciation des doigts et le transfert de poids dans le legato. Elle évoque le pouce, »doigt difficile à éduquer tant il est mal placé et pataud ».

Cela rejoint ma conviction qu’il ne faut pas utiliser le pouce au début de l’apprentissage du piano. Il faut l’apprivoiser progressivement.

 

main de bébé sur piano
Les pouces ne se placent pas « naturellement » sur le clavier

C’est seulement en 1716 que François Couperin le Grand en préconise officiellement l’usage dans son livre « L’Art de toucher le clavecin ». Le pouce sera ensuite employé dans les mélodies cantabile et il devient un élément technique majeur dans la période romantique pour parcourir toute l’étendue du clavier

Quant au petit doigt, il ne devra pas s’affaisser. Rappelons que c’est un des deux piliers de la main. La tête du 5ème métacarpien devra toujours être bien apparente et l’auriculaire presque « debout ».

 

 

 

La force du doigt se trouve au creux de la main et nourrie par le poids naturel de la main et du bras. Plutôt que de parler de poids, ce qui peut prêter à confusion si on imagine un poids volontaire commandé par l’intellect, Cécile Müller préfère parler de « force naturelle » qui se développera  par la pratique.

L’index est le doigt stabilisateur de la main. S’il est ferme, il libérera le travail du pouce qui ainsi ne recevra plus trop de poids.

Pour résumer, disons que ce doigt participe au support de l’empreinte, avec le majeur et l’auriculaire, sans oublier le maintien autonome et détendu du pouce en opposition.

 

  • Les pieds du pianiste

L’apprenti-pianiste doit apprendre à s’asseoir. Pour moi c’est une notion qui n’est pas assez abordée en cours de  piano. Certains diront que ce n’est pas important, avec à l’appui, l’image de Glenn Gould et son inséparable petite chaise !

 

Bien s'asseoir au piano
G. Gould et sa chaise, un contre-exemple

Comment s’asseoir ?

  • au bord de la banquette
  • bassin en antéversion (voir croquis ci-dessous)
  • pieds bien ancrés au sol, pour s’équilibrer

Ainsi, le corps est équilibré, les jambes libres, non coincées sur la banquette et le centre de gravité ne se trouve pas sous la banquette mais devant.

La force du corps pourra être projeté naturellement vers le clavier.

Et j’ajoute : sans croiser les jambes. Je le vois assez souvent chez les débutants !

 

 

  • Le dos

Bien maintenir son dos au piano

 

C’est la ceinture scapulaire (qui compte 7 pièces osseuses et des muscles interscapulaires) qui permettra la liberté et l’aisance des mouvements des bras. Le soutien du dos rend possible les mouvements avec un maximum de souplesse. (Scapula est le nom latin de l’omoplate).

La ceinture scapulaire, des os et des muscles
La ceinture scapulaire en gris

 

L’aisance et la tonicité du jeu met à l’abri des crispations et d’une fatigue excessive. Les articulations transmettent l’énergie de l’action.

 

C. Les points souples, voies de transmission

  • Les poignets

Dans un jeu sobre ou qui demande une grande égalité des sons, les poignets bien que souples se montreront discrets, dans l’alignement du bras et de la main.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Top départ, ma première vidéo !

Plus le jeu demandera d’énergie, de contrastes dans les nuances, plus le rôle des poignets sera visible. Respiration de fin de phrase, arpèges de main gauche qui demandent une mouvement de « pivot » (comme dans beaucoup de nocturnes de Chopin)… Leur souplesse sera indispensable.

  • Les épaules

C’est par elles que passe la plus grosse partie de l’énergie du corps et de l’action au clavier. Grâce au dos bien tonique et soutenu, les épaules favorisent une bonne mobilité des membres supérieurs.

  • Les coudes

On pensera à les tenir à distance du buste et légèrement en avant de celui-ci. Ils se mettent face au clavier, anticipent les déplacements pour mettre la main perpendiculaire au clavier.

L’évolution de l’écriture au fil des époques  donne au coude un rôle de plus en plus important. Par exemple une sonate de Scarlatti et une sonate de Brahms ne le sollicitent pas de la même façon. Les déplacements sont beaucoup plus importants et rapides chez Brahms.

  • Les bras

Libres, avec leur poids naturel, sans excès. « La sensation de poids aidera à l’élaboration de gestes « naturels » physiquement bien ressentis ».

  • Les avant-bras

Les sentir bien relâchés, placés au niveau des touches, parallèles au sol. Pour ce faire, il faudra bien ajuster la banquette. Bras et avant-bras devraient former un angle droit. Assis trop bas, l’angle est trop fermé et assis trop haut, l’angle est trop ouvert et on aura tendance à « pousser » plutôt qu’à « façonner » et à « prendre », nous dit l’auteure.

  • Le cou

Il sera d’une grande mobilité et pourra contribuer à l’expression par le poids. J’ajoute que la tête peut se placer avec le buste, légèrement en avant, au-dessus du clavier.

 

D. L’auteure conclut ce chapitre sur la posture au clavier en s’adressant plutôt au professeur.

Celui-ci doit aider l’élève à se construire un maintien optimal générateur de confort et d’efficacité tant sonore qu’artistique.

Permettre à l’enfant de mieux se ressentir musculairement et le rendre de plu en plus sensible à son expression musicale l’aidera à s’épanouir de la meilleure des façons et à occuper  l’espace physique et sonore avec confiance et satisfaction.

IV. La posture et le mouvement…Le point de vue scientifique

Dans ce chapitre, Claude Vatère, osthéopathe-posturologue, nous propose un survol  de notre condition de bipède.

La position debout est un véritable défi neuro-physiologique. Un fragile équilibre malheureusement menacé.

Nous perdons le contact avec la nature, nous ne chassons plus pour nous nourrir, nous ne savons plus nous orienter sans le GPS américain ou le Galileo européen… Ces transformations sont très récentes à l’échelle du temps. Nous perdons nos instincts primaires : nos récepteurs naturels deviennent moins performants : odorat, vision, proprioception (perception consciente ou non de la position des différentes parties du corps). : (

La position assise, les semelles « performantes », le manque d’activité physique compliquent sérieusement le maintien de la verticalité. La qualité posturale est compromise.

La posture normale correspond à une absence de contraintes, à la non-douleur. Un trouble postural peut amener des contraintes mécaniques, des torsions, des compressions… qui peuvent s’exercer à différents niveaux : articulations, tendons, muscles… et amener des douleurs et des contractures…

 

osthéopathe manipulant un pognet
Le musicien est un athlète de haut niveau !

 

Le musicien instrumentiste, un jour ou l’autre, peut voir sa gestuelle perturbée par des mauvaises postures, des tensions psychologiques ou des répétitions à outrance.

L’auteure, Claude Vatère, compare l’instrumentiste à un athlète de haut niveau dont les performances dépendent d’un équilibre presque parfait. Et comme tout athlète de haut niveau, l’instrumentiste devrait bénéficier du suivi d’un ostéopathe ou d’un kinésiologue.

Je pense que les choses sont en train de changer : les pathologies des musiciens sont de moins en moins taboues, ils en parlent et les professionnels de santé y sont plus attentifs.

C’est ici que se termine cet article. Ce n’est qu’un résumé ! Je continue ultérieurement le résumé de cet ouvrage « La musique au piano » de Cécile Müller par un chapitre traitant des gestes pianistiques.

J’espère être fidèle à la pensée de l’auteure dans cet exercice de résumé d’ouvrage ! En tout cas, je le fais car je pense qu’il peut apporter beaucoup aux futurs enseignants et même à ceux qui exercent déjà cet art difficile de la pédagogie. La suite au prochain numéro ! 🙂

 

Merci d’avoir lu cet article.  : )

Vous pouvez laisser un commentaire tout en bas, après le sommaire de ces chapitres résumés. Et pour aller plus loin, vous pouvez télécharger votre bonus » Le petit Guide des premières leçons de piano » grâce aux différents formulaires. 

 

II. La partition, support et mémoire de la musique occidentale

A – Une premier jet, le déchiffrage
B – Le décryptage
C – Gros plan sur les indices de la partition
D – La notation contemporaine

III. La posture au clavier

A – Les axes principaux
B – Les points forts de la posture au piano
C – Les points souples, voies de transmission
D – Un petit résumé et l’éclairage de grands Maîtres

IV. La posture et le mouvement… Le point de vue scientifique…
(par Claude Vatère)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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