Traduction de la vidéo
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Traduction de la vidéo d’Irina GORIN « Piano technique at primary level » – September 2019
» Bonjour tout le monde. Je suis très contente d’être ici. Merci de m’avoir invitée pour parler des techniques d’enseignement aux jeunes enfants même si c’est un très vaste sujet pour lequel je prends habituellement un nombre d’heures important avec les enseignants pour leur expliquer comment une compétence peut évoluer naturellement vers une compétence travaillée.
Les techniques n’existent pas par elles-mêmes car elles sont inclues dans de nombreuses autres compétences dont je vais expliquer ici comment les développer, spécialement une bonne oreille développée.
La base technique c’est la production du son. Notre but n’est pas de développer un acrobate mais un musicien. Les techniques sont là pour aider les élèves à développer un beau son et un beau toucher pour qu’ils puissent créer une connexion personnelle avec le son, avec la pièce, le morceau, le compositeur afin qu’ils puissent exprimer leurs sentiments au piano.
Le premier point de mon propos est au sujet des premières techniques que j’enseigne aux enfants débutants. Tout d’abord vous devez vous souvenir que la base de la technique, le premier point essentiel, la plus importante des techniques à avoir absolument en tête est comment passer facilement, rapidement de la tension à la relaxation. Ça c’est une chose que les élèves ne savent pas faire naturellement. C’est pourquoi les exercices de relaxation tant hors du piano que sur le piano sont absolument nécessaires.
Les jeunes enfants ne comprennent pas la raison et le but de ces exercices. C’est pourquoi vous devez toujours vous souvenir de leur faire faire sous forme de jeu en leur faisant écouter de belles musiques classiques pour que leur corps trouve naturellement les mouvements et qu’ils puissent éprouver et sentir la relaxation qui est nécessaire pour qu’ils puissent bien jouer du piano.
La posture est quelque chose sur lequel j’insiste énormément. Je poursuis, en cela, la suggestion et l’analyse de Théodore Leschetizky qui était un élève de Czerny. Il comparait la posture au piano à la posture du cavalier qui monte à cheval. À cheval le cavalier doit s’adapter et suivre les mouvements du cheval. Au piano c’est pareil le pianiste doit coller à la ligne mélodique musicale, se sentir équilibré et centré, sentir les trois points de contact les plus importants :
- les os sur lesquels on s’assied,
- les pieds et comment nous distribuons le poids de notre corps,
- le bout des doigts en contact avec les touches.
Comme toutes les compétences, créer une bonne posture prend du temps parce qu’il faut créer une habitude. C’est pourquoi, si on fait attention à cela seulement pendant le cours, ce n’est pas suffisant. Il faut que l’élève pratique également ces exercices à la maison.
Pendant les premiers mois, je demande aux parents de m’envoyer des vidéos et des photos de la manière dont les élèves travaillent à la maison et j’identifie à distance tout ce qui ne va pas : la hauteur, la distance, le repose pieds, la forme du dos. J’apprends ensuite aux parents comment les corriger. Sinon, cela prend beaucoup plus de temps pour prendre la bonne habitude. Même si l’élève n’a pas une bonne posture à la maison, j’apprends aux parents comment le corriger.
Même chose par rapport à la pédale. Avoir un réhausseur de pédale est absolument nécessaire. Il doit être de bonne qualité. C’est pourquoi je suggère fortement d’investir dans un bon réhausseur de pédale qui ne se casse pas et qui ne fait pas de bruit quand l’enfant appuie dessus, confortable d’utilisation. Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé le réhausseur de pédale idéal mais celui que j’utilise est le PE2. Celui-ci est meilleur que les autres même si ce n’est pas encore l’idéal.
La question suivante concerne l’utilisation des histoires avec des personnages et des petits jouets pour les jeunes élèves. Je les utilise beaucoup. Comme vous le savez, j’ai créé ma propre méthode « Les contes d’un voyage musical » où j’utilise l’histoire avec des personnages qui traversent ce voyage musical en représentant chacun un concept musical ou une compétence technique.
Les jeunes enfants ont du mal à penser de manière abstraite. Il leur faut des images concrètes en tête pour les aider à retenir et à exécuter certaines techniques ou certains concepts théoriques. C’est pourquoi j’utilise beaucoup de petits jouets.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez facilement trouver ma chaîne Youtube où vous pourrez voir mes vidéos de cours avec de jeunes élèves. Vous m’y verrez utiliser de nombreux petits jouets pour les aider.
On ne peut pas dire à un enfant de quatre ans : « déplace ton poignet horizontalement ou verticalement » ou « fais-le pivoter » ou « ton toucher doit être plus délicat » mais si vous utilisez un petit jouet ou une analogie, ça va.
Je vais citer ici un pianiste célèbre, Josef Lhevinne : « quand vous appuyez sur la touche, pensez à une fraise que vous voulez écraser pour passer à travers ». Donc je veux dire que ce genre d’analogies sont vraiment nécessaires, même pour des pianistes plus avancés, pas seulement pour des jeunes enfants. Pour les jeunes enfants, c’est cent fois plus important.
Concernant les compétences, j’enseigne réellement des compétences techniques mais pas pour les enfants les plus jeunes. Je commence habituellement à enseigner la technique à la fin de la première année de cours voire la deuxième année.
Mes élèves apprennent toutes les compétences mais nous n’utilisons pas de livres. Ils doivent penser et apprendre les compétences techniques en toute conscience. Il faut non seulement apprendre les notes et les doigtés pour pouvoir jouer n’importe quand mais aussi comprendre les tonalités, les armures et beaucoup d’autres concepts théoriques.
En revanche, je n’utilise pas les pentacordes. Je trouve que cela apporte de la confusion chez les jeunes enfants. Quand un jeune enfant apprend à jouer en Sol majeur avec une suite de 5 notes sans dièse et que vous lui expliquez ensuite qu’il y a un dièse dans la tonalité, c’est tellement compliqué et déroutant pour lui. Je ne vois aucune valeur ajoutée dans les pentacordes ni techniquement, ni théoriquement. Quand nous apprenons le mot « gamme » à un enfant, nous lui parlons de 7 notes et pas d’un pentacorde à 5 notes.
Parlons maintenant de différentes techniques d’articulation. Selon l’approche européenne, commençant avec Beethoven, on débute en utilisant son poids sur la touche en soutenant le bras et tout le poids du corps sur le troisième doigt avec des exercices de poignet et de respiration. Ce sera la base de toutes les autres techniques.
Dans le jeu pianistique, on applique toutes les compétences techniques apprises lors des leçons précédentes, les exercices de respiration, les exercices de poignet avec un geste vertical. Ces exercices permettront de comprendre correctement le jeu non legato. A partir du troisième doigt, on ajoutera le quatrième doigt etc. et seulement à la fin, le cinquième et enfin le pouce. Cela aidera les élèves à comprendre la répartition du poids et le bon toucher. Cette compétence va évoluer naturellement.
A partir de l’apprentissage de 2 notes, on passe à 3 puis à 4 et à 5. Et là, le staccato va également évoluer à partir du non legato. Il ne faut jamais commencer par le legato qui met en œuvre la perception auditive fine et qui ne peut pas être joué correctement si on n’a pas un contrôle fin de l’oreille. Il faut du temps pour bien appréhender le son d’une note avant de connecter deux notes ensemble, puis trois notes.
Je pense que les plus grosses erreurs que font la plupart des professeurs sont d’enseigner tout de suite aux débutants les 5 doigts, utilisant des motifs avec un doigt isolé, indépendant des autres, en négligeant l’implication des autres parties du corps, comme je l’ai déjà mentionné car cela met en œuvre tout le corps et pas seulement les doigts.
Une autre erreur est de ne pas former l’oreille en écoutant de la musique. On ne peut pas attendre des enfants qu’ils aiment la musique classique s’ils n’en entendent pas surtout s’ils n’ont pas beaucoup l’occasion d’en entendre chez eux, à la maison. Il faut qu’ils aient au moins la référence de ce qu’ils vont jouer. Nous devons leur apprendre pas seulement à entendre mais à écouter de manière active.
Il n’est pas nécessaire de leur apprendre le contexte historique mais il faut leur apprendre à analyser certains éléments. Apprendre à discriminer, à distinguer les notes, à analyser, permet de créer des images, des histoires que l’on peut retrouver dans des dessins, des peintures. Cela fait partie de l’éducation musicale. En plus de la technique, c’est tout un ensemble qu’il faut travailler.
Voilà très brièvement quelques-unes de mes pensées. Bien sûr, comme je l’ai mentionné, il y a beaucoup plus de choses à dire mais j’espère que cela donnera à des enseignants l’envie de commencer ma méthode, auquel cas je serai ravie de la leur expliquer plus en détail. »
Merci encore et au revoir.
Irina GORIN, auteure de « Tales of a musical journey » en 2 volumes