Premier Vrai Debussy

Premier Vrai Debussy

Mais y aurait-il de « faux » Debussy ?

Comme il existerait de faux Watteau ? de faux Rembrandt ? ou de faux Picasso ? En fait, dans le domaine de la composition musicale, s’est-on déjà seulement posé la question ? Je n’en sais rien mais ce n’est pas sur ce terrain que je veux aller !

Une page de musique de Debussy mais sans titre

Une partition qui, au début de son existence, se nommait… Pièce. Celle-ci, née d’une commande à Debussy, fut composée en 1915. Une commande, non pas d’un riche mécène mais au contraire, d’une œuvre de charité comme il en existait beaucoup durant la première guerre mondiale et dans toute l’Europe.

L’œuvre patriotique de charité nommée « Œuvre pour le Vêtement du Blessé » sollicitait les artistes connus (musiciens, peintres, sculpteurs, certainement poètes…) pour créer des œuvres à vendre, ensuite, aux enchères.

Elles organisaient également des expositions ou des concerts. D’ailleurs, Debussy s’investissait aussi dans ces événements caritatifs. L’argent ainsi récolté permettait d’acheter les « matières premières » pour fabriquer ce dont les soldats avaient besoin, qu’il soient sur le front ou faits prisonniers ou malheureusement, blessés. La main d’œuvre était certainement constituée de volontaires.

La Pièce change de titre en 1933

D’abord commandée sous forme manuscrite (enchères obligent !), cette Pièce est enfin éditée en 1933. Apparemment au Etats-Unis. A cette occasion, elle est nommée Page d’Album. A ne pas confondre avec les tutos de Scrapbooking !

Voici la vidéo de présentation

Cette page ? Un véritable florilège stylistique !

J’ai pris un peu de temps pour regarder cette page mais chaque fois que je retourne dessus, je trouve des éléments nouveaux. Le dernier, à l’heure où je tape ces mots ? Le côté symétrique des premières notes de la mélodie : Do – La – Sol – Mi… L’axe de symétrie étant entre La et Sol : tierce mineure, seconde, tierce mineure.

Bref, c’est comme en archéologie : plus on creuse, plus on trouve. Au risque de couper les cheveux en quatre !

Les éléments « rhétoriques » de la musique de Debussy : les neuvièmes, de onzièmes, de treizièmes… des jeux d’intervalles répétés, les tonalités « instables » superposées à des modes… des arpèges enjambant les barres de mesures, les tempi mouvants… C’est en cela que je parle de « vrai Debussy » !

D’habitude, nous disons que nous travaillons une pièce. Mais en la fréquentant quelque temps, on peut dire ici que cette pièce nous travaille, elle nous transforme. Elle devient addictive sans même avoir été un coup de foudre. Sentiment étrange !

Et pourquoi « Premier » ?

Quand on pense « première pièce de Debussy à jouer », on pense Petit Nègre ou Petit Berger

Ce sont certainement les pièces de Debussy les moins difficiles. Mais elles ne sont pas à proprement parler vraiment du style si typique de Debussy.

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La pièce courte, pas difficile et reconnaissable au niveau de style, c’est Page d’Album !

Et ce numéro d’immatriculation, ce numéro d’opus ?

Nous connaissons tous les numérotations des œuvres de Mozart en KV « Köchel Verzeichnis », celles de Schubert en D pour « Deutsch »… Et bien pour les œuvres de Debussy, nous nous habituons peu à peu à la lettre L pour « Lesure », du musicologue François LESURE.

A l’époque où je faisais mes études, les pièces de Debussy n’étaient pas répertoriées comme celles de Mozart.

Le premier catalogue a été publié en 1977 par François Lesure à Genève et n’était absolument pas connu.

A bientôt !

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