Chanson américaine de Jean HUBEAU
D’où vient cette pièce de piano jazzy qui plaît tant aux élèves ?
Elle vient d’un recueil de pièces pour piano éditées pour la première fois chez Lemoine en 1948 et intitulé JARDIN D’ENFANTS. Ce recueil existe encore et dans un look plus actuel.
Chanson américaine, pièce issue de ce recueil, est composée par Jean HUBEAU en 1946, au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Ce n’est peut-être pas un hasard. Reconnaissance envers les forces américaines ?
Suite au succès du premier volume, un deuxième a été proposé au public.
C’est une sorte d’anthologie mixant pièces contemporaines et plus anciennes de plus de trente compositeurs (par exemple, C.FRANCK, dont une de ses pièces est présente dans ce recueil, était mort en 1890) ). Ce florilège se voulait être une initiation à la musique moderne et contemporaine pour les jeunes pianistes. Des noms très connus (par les professeurs) comme Jehan ALAIN, Jacques CHAILLEY, Claude PASCAL, Henri DUTILLEUX, Marcel LANDOWSKI, Jean-Michel DAMASE, Germaine TAILLEFERRE, César FRANCK… côtoient des noms de compositeurs moins célèbres.
Les pièces de ce recueil n’ont pas toutes été composées spécialement pour ce projet. Elles viennent parfois d’autres éditions et ont été choisies et doigtées par Marie-Rose CLOUZOT (née en 1906) alors « Professeure d’Education Musicale de la Ville de Paris » et qui en a écrit l’avant -propos.
Dans cet avant-propos, je glane quelques phrases dont certaines sont savoureuses :
« Notre but a été d’initier progressivement les enfants aux procédés modernes d’écriture tant harmoniques que rythmiques.
Ces pièces sont la preuve que « musique moderne » n’est pas forcément synonyme de « musique difficile » moins encore de « musique injouable » et elles doivent inciter les amateurs (…) à sortir de l’ornière classico-romantique…
Nos contemporains ont beaucoup écrit pour le piano, mais rarement à l’intention des débutants, et sans toujours tenir compte des possibilités physiques des petites mains.
Nous avons fait une assez large place à la musique syncopée : qu’on en soit adversaire ou partisan, il est indéniable que le jazz a exercé une influence profonde sur toute la musique depuis 25 ans. »
Un mot sur Jean Hubeau (1917-1992)
Admis au Conservatoire de Paris (CNSMDP) à l’âge de… 9 ans ! Premier prix de piano à 13 ans ! Et deuxième prix de Rome à 17 ans avec sa pièce La légende de Roukmani ! Le Prix de Rome était à peu près le Prix NOBEL des compositeurs. Quelle précocité !
Il était pianiste, compositeur et pédagogue.
En 1957, il est nommé professeur de musique de chambre au CNSMDP jusqu’en 1982. Pourquoi n’a-t-il jamais été professeur de piano au CNSMDP ? Mystère… Peut-être trouverai-je la réponse dans un de vos commentaires…
Transcription de la vidéo
Bonjour ! Catherine, du blog LES SONS DU PIANO !
Je vous propose un tuto-piano sur la Chanson américaine de Jean HUBEAU.
Je vais vous la jouer d’abord et ensuite nous découvrirons quelques difficultés qui pourraient être rencontrées lors du travail de cette pièce.
♬…..
Je vous l’ai jouée avec la répétition des trois premières lignes, des huit premières mesures. Souvent, quand elle est jouée dans les concours, on demande de ne pas faire les répétitions. Donc elle peut être travaillée, effectivement, sans la répétition.
Alors, quelles sont les difficultés de ce morceau ?
- Au début, le rythme [ croche-pointée-double X 2 liée à une blanche ]. Ce rythme (syncopé) est souvent rencontré dans ce morceau. Le troisième temps de main gauche doit vraiment être bien placé. Il faut penser à une main gauche jouant précisément sur les temps pour aider la main droite à jouer ce rythme correctement.
- Mesure 3, penser à jouer les notes étalées sur une octave ascendante (de sol à sol) en crescendo, en augmentant le son.
- Mesures 9 et 11, la petite descente en notes rapides. Il n’est pas nécessaire de beaucoup articuler les doigts. S’il y a un geste de la main qui participe, on n’a pas besoin d’articuler beaucoup. Et avec le poids, on aura le son qui est demandé dans une nuance forte.
- Mesures 9 à 12, alternance de nuances FORTE et PIANO. Une sorte de dialogue entre les deux mains.
- Mesures 13 à 16, la main gauche va devoir jouer plus fort que la main droite. Faire des nuances très différentes aux deux mains (et en même temps) est assez difficile, voire très difficile pour certains élèves. Il est marqué sur la partition « mezzo-forte marquer la main gauche ». Cette main droite qui a finalement toujours un peu le même rythme et les mêmes notes, on va essayer de la faire en style « fantôme » : on va faire semblant de jouer la main droite ! Sur ces quatre mesures, il faudrait vraiment arriver à jouer les notes de main droite mais finalement sans les jouer ! Et au départ, c’est assez difficile. Il faut souvent d’entraîner pour arriver vraiment à faire ce déséquilibre de nuances qui est souhaité dans la partition.
- Mesures 17 à 19, passage en homorythmie : cela veut dire « le même rythme » et ici on a aussi les mêmes notes. Les mains vont jouer la même chose et en parallèle. Cela n’est pas forcément évident, car assez anti-naturel. Côté motricité, les mouvements symétriques, comme ouvrir les bras, sont plus naturels que les mouvements parallèles. Si on joue cela avec du poids, en relâchant bien depuis les épaules, le poids du bras arrivant jusqu’au bout du doigt, au niveau de l’impact du doigt. On arrive à jouer forte sans taper.
- Mesure 20 et 21, [ Poco rit… A tempo ] Poco ritenuto, ce mot vient de RETENIR. Je pense que ce terme vient de l’époque où l’on conduisait les chevaux. Il fallait les retenir pour ralentir. Très souvent, ce poco ritenuto est couplé à A tempo, un autre terme italien. Donc les deux termes signifient : après avoir ralenti, après avoir retenu, on se remet à jouer à la vitesse du début.
- Mesure 23, le compositeur a noté sempre piano qui signifie « toujours doux ». J’appellerais bien cela « nuance de précaution« , car dès que les notes montent dans les aigus, on a souvent très envie de jouer plus fort. Le compositeur l’a très bien senti. C’est une sorte de conditionnement chez le musicien. Alors il nous met en garde et demande à l’interprète de ne pas « gonfler » le son.
- Mesure 26, petite descente de notes à ne pas jouer trop vite car on est un peu influencé par les mesures 9 et 11. C’est un ultime rappel plutôt mélancolique de ces deux petites descentes, un peu comme un vague souvenir ! A la fin, le point d’orgue rallonge la durée de la note.
- L’accompagnement de la main gauche devrait se faire avec un poignet souple pour ne pas jouer trop sec. L’ondulation du poignet va permettre de jouer au plus près de la touche. Tout en gardant la touche enfoncée, le poignet se soulève et prépare ainsi la prochaine note. Le doigt glisse un peu sur la touche. Ce n’est pas sec, les sons ne sont pas trop courts, même sans pédale !
Voilà ! Ce tuto-piano est terminé !
Vous pouvez télécharger gratuitement le Guide des premières leçons de piano !
Vous vous rendrez compte que certaines choses présentées dans cette vidéo peuvent être enseignées dès le plus jeune âge !
Si ce tuto-piano vous a plu, si vous le trouvez utile, vous pouvez appuyer sur le petit pouce qui va bien et laisser un commentaire !
Merci d’avoir regardé cette vidéo et/ou lu cet article ! 🙂